Version intégrale du texte publié par Danielle Belec dans le Journal du Pontiac (JP, 2017-08-16, p. 18)
Pour la première fois dans l’histoire du Pontiac, le préfet de la MRC de Pontiac sera élu par les citoyens lors des élections municipales de 2017. Le texte qui suit explique comment le conseil de la MRC de Pontiac est arrivé à la décision d’élire ses futurs préfets.
Quand le sujet de préfet élu au suffrage universel (SU) a refait surface au Conseil de la MRC l’an dernier, une rumeur selon laquelle la MRC de Pontiac voulait créer un poste à temps plein et bien rémunéré pour son préfet s’est mise à circuler. D’autres suggéraient même que le conseil ne tenait pas compte du coût d’un préfet à temps plein pour les contribuables, ou encore que la MRC se lançait dans l’obscurité sans garantie de retour sur son investissement.
Ayant assisté à la plupart des réunions du Conseil au cours des deux dernières années, je peux garantir d’entrée de jeu que le coût a été, comme il l’est toujours à la MRC de Pontiac, une considération importante du processus décisionnel.
Mais le coût seul ne peut et ne doit pas être l’unique facteur dans toute prise de décision. Dans le cas de préfet élu par SU, les questions à se poser étaient plutôt : Existe-t-il un réel besoin et est-ce un bon investissement? Après des mois de réflexion et d’analyse, la réponse fut « oui ».
L’analyse a commencé l’an dernier, lorsque le Conseil de la MRC de Pontiac a commandé une étude interne auprès des 14 MRC qui ont élu leur préfet par SU en 2013, afin de recueillir les données nécessaires pour prendre une décision éclairée.
L’étude a révélé que la plupart de ces 14 MRC sont petites (moins de 25 000 habitants), éloignées, ne possèdent pas de ville centre dominante et affichent un revenu disponible par personne parmi les plus faibles du Québec.
Et nos similitudes ne s’arrêtent pas là.
Il semble y avoir un consensus parmi ces MRC et d’autres semblables à elles, qu’un élu ne peut plus assumer ses fonctions de maire et représenter adéquatement les intérêts de la MRC. Cela n’a pas toujours été le cas pour la MRC de Pontiac dont le rôle se limitait déjà au maintien du schéma d’aménagement et de développement, à la préparation des rôles d’évaluation, à la vente des immeubles pour défaut de paiement de taxes et au bureau d’immatriculation.
Les MRC sont maintenant de réels gouvernements de proximité avec des responsabilités légales et un niveau d’imputabilité accru en matière de développement économique et soutien aux entreprises, développement rural, culturel et sociocommunautaire, planification stratégique, environnement, sécurité-incendie et plans d’urgence, gestion des territoires non organisés et j’en passe.
Le préfet doit maîtriser tous les dossiers, comprendre tous les enjeux, fixer des objectifs, mobiliser et motiver des personnes et des groupes dans l’atteinte de ces objectifs et représenter les intérêts de toutes les communautés de son comté, ce qui est une tâche colossale pour un préfet désigné par ses pairs qui est aussi maire d’une municipalité.
Cependant, ce qui a sans doute été le constat le plus déterminant de l’étude, celui qui a fait pencher la balance en faveur d’un préfet élu, est que la grande majorité des MRC qui choisit son préfet par SU, dit qu’elle ne veut pas revenir à l’ancienne formule. La plupart des personnes interrogées ont souligné surtout des avantages d’un préfet élu et à temps plein. Les préfets du Témiscamingue et de la Vallée-de-la-Gatineau, qui ont témoigné de leurs expériences devant le Conseil dans le cadre de cette étude, étaient d’accord. En outre, le préfet du Témiscamingue a déclaré que depuis son élection à la préfecture en 2009, la valeur de leurs projets de développement a franchi le cap des 500 millions $.
Pouvons-nous en conclure qu’un préfet élu par SU est synonyme de réussite?
Non. Il y a trop de facteurs inconnus afin de garantir un retour sur notre investissement. Par exemple, la personne que le Pontiac choisira aura-t-elle le charisme qui lui permettra de rallier tout le monde autour d’un objectif commun? Saura-t-elle bien communiquer et possèdera-t-elle les compétences nécessaires pour mettre en œuvre une vision et défendre les enjeux importants du Pontiac? Et, même si le Pontiac venait à élire le candidat idéal, pouvons-nous garantir que des forces extérieures ou des imprévus ne lui mettront pas les bâtons dans les roues?
Il n’y a aucune garantie, j’en conviens, mais il existe des hypothèses bien fondées. Le conseil de la MRC de Pontiac ne s’est pas livré à des conclusions hâtives : il a demandé et reçu tous les renseignements nécessaires pour prendre une décision éclairée. En fin de compte, il a déterminé que ce n’est pas une dépense, mais bien un investissement dans notre avenir que d’avoir un représentant qui travaille à temps plein au rayonnement de notre MRC.
Il appartient maintenant aux citoyens de faire leur part en se présentant en grand nombre aux urnes le 5 novembre prochain, ou encore en se portant candidats à un poste municipal ou à la préfecture.
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