
Texte de Danielle Belec
Il y a un peu plus d’un an, lors de la célébration du 75e anniversaire de l’obtention du droit de vote des femmes dans la province, le gouvernement du Québec a rendu hommage à Madame Elsie Gibbons, la première mairesse du Québec, élue dans la municipalité de Portage-du-Fort du Pontiac, en 1953. C’était à peine treize ans après que les femmes eurent obtenu le droit de vote aux élections provinciales. Madame Gibbons a aussi été préfète du comté de Pontiac de 1959 à 1961.
Soixante-quatre ans plus tard, l’héritage de Madame Gibbons est toujours bien vivant grâce à la proportion plus élevée que la moyenne de femmes en politique municipale dans le Pontiac. Les femmes occupent 35 % des sièges municipaux du Pontiac, contre 31 % dans la région et 30 % dans la province. Trente trois pour cent (33 %) des postes de maires sont occupés par des femmes, soit 11 % de plus que dans tout l’Outaouais. Il est à noter que pendant que certains dirigeants s’efforcent d’obtenir la parité homme-femme au sein de leur cabinet — le premier ministre Justin Trudeau a été applaudi en 2015 pour son cabinet des ministres paritaire, le premier au gouvernement fédéral — il suffirait de trois femmes maires de plus dans le Pontiac pour obtenir la parité au conseil de la MRC.
Le Québec est une des sociétés les plus avancées au monde en ce qui a trait à l’égalité des sexes. Néanmoins, la représentation des femmes, à tout niveau de politique, plafonne à 30 % depuis 15 ans. C’est la preuve qu’il existe encore des barrières sociales, culturelles et économiques à l’égalité du leadership politique des femmes. Les questions sociales sont probablement le plus grand obstacle pour les femmes, particulièrement pour les jeunes femmes, à leur venue en politique, puisque ce sont souvent elles qui assument la plus grande part de responsabilité des tâches ménagères et du soin des enfants, limitant ainsi leur disponibilité.
Au niveau municipal, cependant, les statistiques démontrent une croissance lente, mais continue, du nombre de femmes candidates. Et bien qu’il y ait encore du chemin à parcourir avant que les femmes ne traversent le mythique plafond de verre, certaines d’entre elles, comme Madame Gibbons et bien d’autres, y ont réussi individuellement. Ces femmes sont souvent source d’inspiration et de motivation à d’autres femmes qui voudraient servir et modeler leur collectivité.
Nous devons continuer à encourager les efforts des femmes en politique si nous voulons changer les choses. Nous devons célébrer leurs succès, non pas de façon symbolique, mais comme un rappel qu’il y a encore des inégalités. En nommant sa nouvelle salle du conseil en l’honneur de Madame Gibbons l’an dernier, la MRC du Pontiac voulait s’assurer qu’on se souvienne de la réussite de cette femme pendant des décennies à venir. Il est donc approprié qu’à l’occasion de la Journée internationale de la femme en cette année d’élection, que ce soit dans la salle Elsie Gibbons que le conseil de la MRC rende hommage aux 43 femmes en politique du Pontiac. Ces femmes doivent être fières de contribuer à la diminution de l’écart dans la représentation homme-femme dans la politique québécoise.
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